Cuisine d'une mémé bourguignonne - Quand mémé Georgette subit la dictature de la lingerie...

Quand mémé Georgette subit la dictature de la lingerie...

Mes chères amies — non pas que je croie ne m'adresser qu'à des femmes, mais tout de même c'est un petit aparté plutôt réservé à mes amies femmes, aujourd'hui.

Cette nuit, la main de Fernand a cherché à fourrager dans mon intimité.

Il était 4 heures du matin et Monsieur a prétendu qu'il voulait "savoir".
— Savoir quoi ? ai-je répliqué, courroucée.
— Savoir si tu t'es harmonisée au cadeau que tu as reçu... a chuinté Fernand, encore ensommeillé.

Sans dentier, à moitié dans le potage et à quatre heures du matin, je dois vous dire qu'il faut le connaître depuis de longues années pour parvenir à le comprendre.
— Non, pas encore, Fernand, rendors-toi, je te prie.
— Ah ça, pas question ! s'est-il enhardi.

Voici très exactement ce qui occupait la psyché de Fernand cette nuit :

Ravissante parure de lingerie féminine, n'est-il pas ?

Parure que je ne me serais jamais offerte, tout simplement parce que je ne m'imagine pas débarquer de ma Deuche à 78 ans au "Princesse Tam Tam" ou au "Chantelle" des plus grandes villes de Bourgogne, que ce soit Auxerre ou Mâcon — à supposer que ces points de vente existent, créés pour des femmes assurément plus jeunes que moi —, en vue de demander à essayer des porte-jarretelles, guêpières et strings en tout genre.

C'est que, ma foi, soyons raisonnable : on a l'âge qu'on a, tout de même.

Heureusement pour moi, qui suis très coquette de partout depuis mon plus jeune âge, mon fils Antoine est grossiste en lingerie féminine. Tel n'est pas du tout le métier que j'aurais imaginé pour lui, mais je dois constater qu'il s'y sent comme un poisson dans l'eau et qu'il y fait merveille.

Et surtout... le mieux : c'est un métier dont il m'a fait profiter dès le départ, soit il y a environ vingt ans, à un âge où je faisais encore frétiller quelques hommes sous des lumières légèrement tamisées.

Mais oui, parfaitement, vous avez bien compris : voilà vingt ans qu'Antoine dote sa mère en lingerie fine ! Avec générosité, élégance et affection... et sans se soucier aucunement de ma date de péremption : chose dont je ne veux pas entendre parler de toute façon, que cela soit clair.

Aujourd'hui, même si je n'ai plus vingt ans ni même soixante, je me fais fort de séduire encore. Parfaitement !... Et je ne veux entendre ni rire ni quolibet dans l'assemblée, juste des applaudissements s'il vous plaît.

Si ce n'est notre aimable boulanger qui sache voir mes charmes (il faut dire qu'il s'agit de mon neveu)... ce pourrait être éventuellement monsieur le curé ?
(Mais oui voyons ! Pas de fausse choquerie ! Pourquoi croyez-vous donc que je continue à me geler les boudins à jouer de l'harmonium par 8 degrés ambiants à la messe de Minuit ?)

Bref, ce Noël-ci, un peu avant que Maryline n'offre sa bouillotte "Teddy bear" à son père, mon fils Antoine m'offrait une nouvelle parure.

D'où les questions que se pose — à juste titre — mon époux.

Ma couleur actuelle (un beau mordoré) jure singulièrement avec cette parure pourpre. J'ai songé à teindre ma touffe en vert sapin mais je trouve cela difficile à porter. Je réfléchis à d'autres couleurs... en fait, je songe à un or plus délicat, pas trop éclatant, assez pâle et élégant.
Avouons-le, j'ai un instant pensé à une couleur hyper chromée ou à un vrai noir corbeau, pour le contraste, mais finalement cela m'a paru moyennement subtil. En tout cas, pas suffisamment aux yeux de quelqu'un qui comme moi a horreur du tape-à-l'oeil.

Je vous laisse, cela dit, admirer ces trois pièces dans lesquelles je me love, si ce n'est comme une déesse, du moins comme une femme qui aime la vie et l'aimera jusqu'à la fin :

Ce petit soutien-gorge est exquis. Je forme cuiller de ma paume gauche et floc, je ramène mon sein droit dans la coque. Ploutch, rangé. Et de même pour l'autre côté.

Ma foi, tout de suite, mon buste est plus élégant.

Puis j'aborde la zone dont je parlais plus haut : j'enfile ce charmant string...

Charmant. De confection délicate, avec ces broderies et dentelles.

Mes deux hémisphères étant à présent harmonieusement étalés de part et d'autre d'un lien coquin, je me prépare à disposer le porte-jarretelles. Cela dans un délicieux et gracieux geste que ne savent plus accomplir, hélas, bon nombre de jeunes femmes modernes.

Quel dommage... alors que c'est si confortable !... L'air circule, sans parler du trouble délicieux que cela crée chez ceux qui regardent mais aussi chez celle qui le porte...

Personnellement, je porte un tel accessoire tous les jours que Dieu fait. Que ce soit pour chanter à l'église, arracher mes patates dans mon potager, ou passer dédaigneusement devant le portail de Mireille pour aller prendre le thé chez mon amie Andrée.

Faites-en donc autant en 2007, mes chères amies, si je puis m'autoriser à vous faire cette affectueuse invite !...

Pour ma part, je m'en vais réfléchir à ma future couleur. Fernand y voit un intérêt qui me flatte quelque peu, je vous l'avoue.

Et je réalise que nous n'avons plus que 30 heures avant l'arrivée des vauriens de Maryline. Aurons-nous encore le temps et le coeur à batifoler lorsque nous serons transformés en chiens de berger pour le week-end ? Surtout avec un tel cheptel à surveiller. Peu nombreux, certes, mais si riche de catastrophes potentielles...

Je vous annonce donc que, sans aucun doute, nous mettrons la prochaine nuit à profit...

Mais je ne vous oublierai pas pour autant.
Permettez-moi de vous souhaiter bonne nuit à vous aussi !

Ecrit par Georgette le Mercredi 10 Janvier 2007, 15:03 dans "Féminité"

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Commentaires

Gracianne - le 10-01-07 à 16:07 - #

Alors, applaudissements!

Moi, Georgette, 79 printemps et toujours gaillarde

Georgette aime surfer par ici...

Fernand, mon mari, 80 hivers et toujours... (hum)

Si ce pauvre Fernand savait surfer...

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79 printemps et toujours gaillarde