Cuisine d'une mémé bourguignonne - Tartines gratinées au chou-fleur pour punir (euh, éduquer) mes petits-fils

Tartines gratinées au chou-fleur pour punir (euh, éduquer) mes petits-fils

tartine gratinée au chou-fleur et au fromage -- Cliquez pour voir l'image en entier

Il faut que les garnements mangent des légumes pour bien grandir et bien progresser.

Mes petits-fils sont en pleine croissance. Et ce sont déjà de grands intellectuels. Indéniablement.

Dimanche matin, j'ai tout de même tenu à m'assurer d'une chose, j'ai téléphoné à Maryline :
— Dis-moi, mon petit, sur une échelle de 1 à 20, quelle note mettrais-tu à l'intellect de tes enfants ?
— Oh, environ 3 sur 20 : disons 2,5 pour Pierrick, 3,5 pour Parfait, m'a-t-elle répondu.
— Ah bien, j'aurais moi-même noté ainsi, tu me rassures. Je me demandais seulement si cela venait de la nourriture qu'ils reçoivent.
— Oh non, maman, c'est comme Rex finalement : c'est de nature, on n'y peut rien.
— Bien, bien ! Tu m'autorises toutefois à leur donner une alimentation appropriée ?
— Euh... oui maman, répondit-elle, prise de court.
J'ai dit au revoir et raccroché très vite avant qu'elle n'ait le temps de me demander ce que j'avais en tête.

Car ce que j'avais en tête, c'était — au moins autant que de bonnes intentions — une petite vengeance.

Tôt ce matin, m'inspectant dans le miroir de la salle de bains, j'avais aperçu un gros poil sur mon menton... Quelle horreur ! Branle-bas de combat : sus à ma pince à épiler !
Sauf que, dix minutes de recherches plus tard, je n'avais toujours pas réussi à mettre la main sur mon précieux instrument.

Lorsque plus aucun doute ne fut possible sur le sort qu'avait connu ma pince, j'ai monté au pas de charge l'escalier menant à la chambre des enfants. Trois coups énergiques à la porte pour m'annoncer et quasi-évanouissement de la mémé.
Une indescriptible odeur de fauve régnait dans la pièce hermétiquement close. Les chaussettes sales et papiers de bonbons jonchaient le sol. Les gredins étaient éveillés, et chacun s'occupait à une tâche particulièrement stupide.

Parfait ôtait à la main les boulettes de laine de la surface de sa couverture et les agglomérait comme il pouvait, en sorte d'en faire un ballon de football. Le ballon était déjà aux deux tiers réalisé. En flocons de mohair rose.

Accablée, je me suis alors tournée vers le lit où Pierrick était avachi, consciencieusement occupé à décoller avec ma pince à épiler les facettes colorées du porte-clé "Rubik's cube" que Fernand lui a offert pour Noël.
— Mais que fais-tu là, gredin ?
Il a pouffé :
— Ben j' vais montrer à Pépé que je suis plus intelligent que lui, pardi !

Devant tant de bêtise, j'ai invoqué le Ciel avec désespoir. Ensuite de quoi j'ai finalement décidé de consentir à Pierrick une heure de prêt de pince à épiler :
— Bon, très bien ! Ton grand-père ne souffrira pas d'une petite leçon d'humilité, après tout. Laisse-moi seulement arracher mon poil et je te la rends. Et descendez prendre votre petit-déjeuner avant 10 heures, je vous prie !

Sur les douze coups de midi, voici ce que j'avais fait cuire :

Brocoli et chou-fleur, les deux légumes les plus détestés par les gredins.

Eux qui espéraient si fort un déjeuner de pommes de terre et de rôti de boeuf !...

La maison a tremblé sous leurs cris de désolation :
— On va dire à maman que tu nous tortures !

Sales gosses !... C'est grâce à ce genre de bêtises que j'ai en permanence Maryline sur le dos, ses deux morveux lui racontent n'importe quoi et elle ne songe qu'à critiquer les soins que je leur dispense.

Je les ai menacés en agitant mon écumoire au-dessus de leur tête :
— Faites donc cela, nigauds, et je vous botterai sérieusement les fesses !
— Bon, d'accord. On va juste le dire à Pépé alors.
— Fort bien, mes enfants ! Cela, c'est permis, autant que vous voudrez, vu que je me contrefiche de son avis.
— Pépé pépééééééé !

Les deux braillards sont partis en glapissant et battant des ailes comme des autruchons effrayés, tandis que d'impuissance je levais à nouveau les yeux au Ciel.
Leur corps change en ce moment : ils sont en pleine mutation pubertaire. Vers un mieux ? Je ne dirais pas cela. Pour le moment, ils semblent plutôt migrer des rondeurs du poussin vers la désarticulation inquiétante de la chauve-souris.
Une chauve-souris qui marche, brrrr.... ce n'est pas très beau à regarder.
Que dire alors du spectacle que m'offraient mes petits-fils en ce dimanche matin ? Deux affreuses chauves-souris labourant la pelouse en tout sens, en agitant leurs bras trop longs et en criant "Pépééééééé !" d'une voix stridente et mal placée.

J'ai détourné les yeux de ce réjouissant spectacle et ai attaqué la recette pour leur déjeuner.

——————————— La recette ——————————————

Tartines gratinées au chou-fleur et fromage de mémé Georgette
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J'ai tout de même mis le brocoli de côté pour leur repas du soir : point trop n'en faut... Mon objectif n'étant pas uniquement de les punir, mais de les acclimater à des nourritures qu'ils connaissent à peine, j'ai retenu le seul chou-fleur pour la recette du déjeuner.

Mon pari : le chou-fleur est toujours aimable, s'il est bien accompagné.
Il ne nous reste plus qu'à le prouver ! Voici donc la marche à suivre :

• Dans un saladier, plaçons du chou-fleur, un peu de crème légère et une cuillerée de moutarde mi-forte de la marque Maille (elle est parfaite pour les enfants, quelques grains l'animent et sa saveur n'est pas trop piquante) :

• Ajoutons-y du parmesan râpé et coupons grossièrement le tout à la cuiller, en mélangeant bien :

• Disposons une tranche de pain de mie (complet de préférence, sinon blanc) sur une plaque de cuisson.
Sur cette tranche de pain, déposons une couche abondante du mélange de chou-fleur, crème, moutarde et parmesan, puis des lamelles de mozzarella et, enfin, un filet d'huile d'olive :

• Plaçons la plaque sous le gril du four :

Quelques minutes suffisent...

Et l'on sert.

Les garnements ont à nouveau glapi. Mais de joie cette fois, à nous en rendre sourds.

Plaisir de la vue : indéniable.
Ils ont raffolé de la texture coulante et de l'abondance du fromage.

Se sont esclaffés de joie en étirant leur fromage quasiment jusqu'au lustre.
J'ai dû infliger une tape à Parfait, qui se levait à-demi de sa chaise pour monter plus haut que son frère. (L'émulation est-elle toujours une saine et vertueuse chose ? Lorsqu'elle s'exerce entre les deux jeunes sauvageons de Maryline, c'est une question que l'on peut poser...)

Ils ont fait des enroulages, des clapements de langue totalement impolis, des "chouette Mémé, oh putain c'est trop cool !"
— Pardon ?!!! Je te prie, Parfait ?
— Euh... non je voulais juste dire : chouette Mémé, c'est trop cool !
(J'ai distinctement entendu Pierrick chuinter derrière sa main : "ah ouais putain !" pour compléter la phrase rectifiée par son frère. Je l'ai foudroyé du regard mais il était déjà en train d'admirer sa prochaine bouchée.)

Fernand et moi avons pris du poisson à la vapeur et du chou-fleur écrasé...

... mais je reconnais que j'ai légèrement envié les vauriens, et qu'en prenant cette photo je me suis juré de nous en refaire lorsque nous serions seuls et que Fernand maîtriserait suffisamment son dentier pour mâcher des choses un peu plus consistantes que de la purée de chou-fleur.

Pour ma satisfaction, les jumeaux se sont mis d'accord sur cette conclusion après avoir râclé leur assiette jusqu'à la dernière miette : "Ben ouais, Mémé, t'avais raison, c'est vrai que c'est pas si dégueu le chou-fleur !"

Aaah, les chers enfants... Etre complimentée au moyen d'une telle richesse de vocabulaire a ému mon coeur d'aïeule (de fierté, dites-vous ? Mais bien entendu !).

C'est ainsi que je les ai récompensés d'une large assiette de brocoli nature pour le dîner.

Ecrit par Georgette le Mardi 20 Mars 2007, 12:30 dans "sandwiches, tartines, snacks"

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Commentaires

Grand Chef - le 20-03-07 à 12:47 - #

A tout le moins, avez-vous glissé le poil dans une tartine, histoire de faire montre d'une réelle cruauté, l'abondance de fromage annulant en tout état de cause la diablerie du chou?

Moi, Georgette, 79 printemps et toujours gaillarde

Georgette aime surfer par ici...

Fernand, mon mari, 80 hivers et toujours... (hum)

Si ce pauvre Fernand savait surfer...

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