Chez Georgette

Le blog de cuisine d'une mémé bourguignonne

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Moi, Georgette,
79 printemps et toujours gaillarde

Ce qui me représente
le mieux...




Georgette aime surfer par ici...


Fernand, mon mari, 80 hivers et toujours... (hum)

Ce qui représente le mieux Fernand...




Si ce pauvre Fernand savait surfer...

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    (Heureusement, il trouve plus facilement le chemin du bistrot que celui d'Internet !)

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  • Lili : Comme Brown, je suis nouvelle et j'ai le même problème. Si quelqu'un pouvait m'expliquer comment trouver les recettes de Georgette ce serait sympa. Merci
  • vahina : BONJOUR J AI LE MEME PROBLEME IMPOSSIBLE DE LIRE VOS RECETTES MERCI
  • Alisyle : Ben, il faut cliquer sur "lire la suite" et la recette apparaît au bout du texte!
  • marie1958 : Bonjour, pourquoi vous n'écrivez plus? Vous étes tellement drole et vos recettes sont géniales
  • Jeviensdusud : Bonjour Georgette, effectivement, vous n'écrivez plus... Etes-vous toujours de ce monde, Georgette ? Ou cuisinez-vous pour plein de monde "là-haut" ? Pas encore, hein... Allez, hop ! Fernand et nous avons besoin de vous, nom d'une pipe de collection !!! Allez, à tantôt ! Une bourguignonne de 45 ans qui vit en Espagne
  • Josiane : Bonsoir, qd revenez-vous Georgette, je vous attends avec impatience, j'adore vous lire, et Fernand et les enfants me manquent!!!!A bientôt j'espère.
  • Mélo : bonjour je suis toute nouvelle sur votre blog et je n'ai qu'une envie c de voir vos recettes!! mais je n'arrive pas a naviguer surle blog.. est ce normal?
  • Mélo :
  • pascale : PASCALE,bonsoir GEORGETTE,je suis nouvelle sur votre site et j'ai un peu navigué et je vous adore,votre Fernand aussi ,j'adhère à vos commentaires et suis fan aussi de votre cuisine ,meilleurs voeux à vous et votre famille Geogette et continué,vous êtes tout simplement ADORABLE bises
  • nanou0234 : bonjour,
    je recherchais la recette du lait de poule parcque cepuis 2 jours je n'ai plus de voix et je suis tombée sur les aventures de fernand.
    ah les hommes!!!!!!
    moi je mes du lait et du rhum ou du cognac.
    bon courage. biz


Chapon bien tendre pour invités édentés (recette spéciale grands-parents)

Hier, il est arrivé un drame.

L'infect chien de Maryline, mi-chacal mi-loup garou, que j'ai consenti à prendre à la maison durant quelques semaines pour calmer mon gendre exaspéré, a, durant une balade meurtrière permise par un trou dans le grillage, mortellement déchiqueté le cou d'un gros poulet de ma voisine.

Enfin, plus grave encore qu'un poulet : il s'agissait d'un chapon.

J'ai avec ma voisine les plus mauvaises relations qu'on puisse imaginer, et cela depuis 45 bonnes années. Je vous le raconterai peut-être un jour, mais ce n'est pas le sujet aujourd'hui.

Le fautif s'appelle Rex. C'est un désastreux mélange de races canines qui a produit le pire des animaux, un grand machin couvert de poil rêche et doté d'une humeur particulièrement instable : du matin au soir, les déchaînements de folie incontrôlés succèdent à des grands élans affectueux autant qu'inopportuns. Je déteste ce chien, et je crois qu'à part Maryline et ses deux jumeaux adolescents, tout le monde le déteste ; mais en ce moment je le garde et le nourris tous les jours pour rendre service à Maryline, tout en ajustant à tout hasard son alimentation afin de le rendre agréablement consommable un jour, pour un repas trop nombreux que j'aurais à ma table — Maryline croit que je garde son chien, en fait j'engraisse tout bonnement mon futur cochon ; mais apparemment pas en quantité suffisante, à en juger par les événements récents.

Cette vieille teignasse de Mireille, propriétaire du chapon, a osé se présenter à ma porte hier après-midi, sans même me téléphoner pour annoncer sa visite. En fait, je l'ai aperçue tandis qu'elle remontait l'allée jusqu'au perron, les bras chargés de ce qui semblait être un bébé emmaillotté. Je me tenais moi-même non loin des fenêtres, occupée à briquer les candélabres de la salle à manger en vue des prochains repas de Noël.

Drriiiiiiiing ! Drriiiiiiiiiiiiiiiiiiing !

Dès la sonnerie indécemment prolongée à la porte par sa main discourtoise, j'ai su qu'il allait y avoir du grabuge.

— Georgette ! Georgeeeeeeetttttte ! a braillé Mireille, sans aucune retenue.

J'ai ouvert.
De tout mon haut, moi bien droite sur la marche supérieure, elle obligée de reculer et perchée une marche plus bas, je l'ai considérée avec fureur, me retenant avec peine de lui envoyer un soufflet en plein visage.
Quel manque de coquetterie ! Un tas de chiffons, le cheveu dressé emmêlé sur la tête et le teint négligé, voilà pour Mireille.
Pour ma part, même à 78 ans, je soigne mon apparence, mes sous-vêtements, et me livre même à diverses teintures pilaires en plusieurs endroits de mon corps — enfin, cela aussi, c'est une autre histoire, dont il n'est pas urgent de vous entretenir ici.

Mireille écarte le torchon et j'aperçois serrée contre ses gros seins une bête au cou broyé, encore sanguinolent.
— Tu te rends compte ? hurle-t-elle. Un chapon que j'élevais pour Noël, c'est ton connard de chien qui me l'a tué ! 
— Non, c'est le connard de chien de ma connasse de fille. Sois exacte, je te prie.
— De ta connasse de fille ou de toi, c'est tout pareil, question connerie !
— Cela m'étonnerait Mireille, mais passons. Que veux-tu de moi au juste ?
— 50 euros et tout de suite !
J'ai pouffé à l'énoncé de ce chiffre démesuré et j'ai rapidement inspecté la bête.

Mireille l'a dûment saignée, parfait. Et l'a certainement bien nourrie puisqu'elle était destinée à sa propre consommation. Bon, j'aurai juste à la plumer et à m'en régaler ce soir — inutile d'attendre jusqu'à Noël pour cuisiner ce chapon, puisque c'est mon fils Antoine qui se chargera de nous apporter d'agréables gâteries gastronomiques au jour dit.

C'est un chapon assez dodu, mais point trop gros
encore, puisque n'ayant malheureusement pas été au terme de son engraissement : disons 2,8 à 3 kg.
Parfait pour Fernand et moi, cela nous mènera doucettement jusqu'à Noël (c'est que nous autres vieux croûtons avons encore un sacré bon appétit, vous savez !).

— 50 euros, mais tu rêves, ma pauvre Mireille !...
— Du tout ! Tu me dois 25 euros de préjudice matériel, 25 euros de préjudice affectif...
— Préjudice affectif, pour une bestiole que tu allais bouffer ! Arrête de m'embrouiller, je t'offre 20 euros et mon mépris ad vitam aeternam, et c'est mon dernier mot.

— M'en fous de ton mépris. File les sous !

Je suis revenue avec deux billets de 10 euros trouvés dans la boîte à biscuits où Fernand conserve jalousement ses économies. (Sans qu'il s'en rende compte, j'ai fait un double de la clé du petit buffet de son bureau où est rangée la boîte.) De toute façon, ces billets ne lui auraient sûrement pas servi à m'offrir des cadeaux de Noël : uniquement à payer des tournées à ses copains aussi ivrognes que lui. Alors, pas vraiment de quoi me sentir coupable de ce petit prélèvement.

L'affreuse Mireille a englouti les billets d'une main avide. Une main même pas manucurée, quelle horreur.
Et là-dessus, elle a tourné les talons si vite que je suis restée clouée sur place, avant de me mettre à hurler : "Hééééé ! Mais où tu vas toi ! Mon chapooon ! Veux-tu me donner immédiatement mon chapon ! Et plus vite que ça !!!!!"
— Qu'est-ce que tu crois ma vieille ! Il est pour nous ! Il a toujours été pour nous !

Je lui ai couru après, folle de rage, insensible à ma prothèse de hanche qui se dévissait dans la poursuite, et au bout de six mètres j'ai réussi à attraper un bout de son paletot. Stoppée en plein élan, elle s'est affalée sur le gravier en hurlant.
J'ai saisi le chapon par la tête et le lui ai arraché des mains, puis je lui ai envoyé son torchon ensanglanté sur la figure pour la faire taire.
— Déguerpis, sale voleuse ! ai-je crié.
Je crois même que d'un moulinet incontrôlable, tant j'étais en colère, je lui ai flanqué un gros coup de chapon sur le postérieur, tandis qu'elle se débattait dans toutes ses étoffes dégoûtantes.

Puis j'ai filé avec le chapon m'enfermer en vitesse dans la maison.
Par la fenêtre, je l'ai vue se redresser péniblement, ramasser un billet de banque échappé de sa main et claudiquer vers la rue. Quelle saleté, quand je pense qu'elle croyait me gruger !
Elle n'a pas osé revenir à la charge. Rien d'étonnant à cela, vu notre histoire passée... mais je vous en parlerai un autre jour, hum, rien d'urgent là non plus.

Fernand a fait irruption dans la cuisine, à peu près aussi bien vêtu que sa copine Mireille, et me voyant le souffle court :
— Mais qu'est-ce qui s'passe don' ?
— C'était elle, cette infâme, elle est venue me provoquer ! lui ai-je craché à la figure.
Il a battu en retraire, sans chercher à argumenter, et à mon avis il a bien fait.

Passons donc à la recette.

Je dois vous dire que Fernand est en attente de dentier, il lui reste peu de dents. Par charité chrétienne — esprit de Noël oblige — je vais lui faire un chapon à la mesure des faibles compétences masticatoires qui lui restent.

——————————— La recette ———————————
 
Chapon cuit en béchamel de mémé Georgette
———————————————————————————

Procurez-vous un chapon par des moyens légaux si vous en avez la possibilité, et faites 3 bons litres de béchamel (beurre, farine, 3 litres de lait) dans un faitout suffisamment grand pour contenir la bête.



Dépouillez le chapon de sa peau — dites donc, cette sacrée Mireille l'avait bien engraissé, regardez-moi ça :









Mettez dans votre béchamel ce qui vous tombe sous la main pour la parfumer : sel, grains de poivre, oignons ou échalotes coupés en quartiers, ail, bouquet garni.



Plongez-y votre chapon dénudé :





Tournez-le et refaites un peu de béchamel si nécessaire (ou allongez d'un litre de lait).
Il faut que le chapon baigne dans la béchamel.



Laissez cuire 3 heures à petits bouillons :



Sortez le chapon, filtrez la béchamel, enlevez le gras de surface et faites-en un fond de sauce en y ajoutant ce qui vous plaira.





J'y ai mis du fromage et au moment où j'allais disposer une belle cuisse dans une assiette, la napper de sauce et décorer d'un accompagnement de haricots verts, Fernand est arrivé dans la cuisine.

On s'est sérieusement écharpés au sujet de Mireille. Il est vrai que c'est moi qui ai commencé, mais il m'a tellement énervée que j'ai tout rejeté en vrac dans la béchamel en hurlant : "Tiens, voilà ton repas, je refuse de te servir avec plus d'égards que je n'en ai pour le chien qui t'a procuré cette pitance !"

Voilà pourquoi je n'ai, hélas, que cette pauvre photo à vous montrer.

La chair du chapon était plus tendre que tout ce qu'on peut imaginer, mais pour ma punition, la manger en face de Fernand m'a bien gâché le plaisir.




 

Ecrit par Georgette le Mardi 19 Décembre 2006, 12:57 dans "Volailles" Version imprimable

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Commentaires

Anne (Papilles et Pupilles) - le 26-12-06 à 13:34 - #

Cela a l'air succulent !


Re:

Georgette - le 26-12-06 à 13:50 - #

Vous êtes l'auteur du premier commentaire sur mon blog, ma chère Anne, et que vous ayez su distinguer la succulence sous la présentation me fait infiniment plaisir.


Anne (Papilles et Pupilles) - le 26-12-06 à 14:05 - #

Je suis super fière alors ;). J'ai beaucoup ri des relations de voisinage. Les miennes ne sont pas toujours des plus cordiales non plus. A gauche et à droite cela va bien mais en face, pfffffffffff, bref, n'en parlons pas non plus  :)) L'embêtant, c'est qu'ils n'ont pas de chapons ni même rien de comestible j'en ai peur.


Gracianne - le 27-12-06 à 18:01 - #

Excellent article. J'ai beaucoup ri, c'etait comme dans un film. Effectivement, il etait gras le chapon, engraisse avec amour :)

Ca me rappelle d'anciennes histoires de voisinage dans mon village. Excellente recette en plus. Je reviendrai.


Re:

Georgette - le 27-12-06 à 20:19 - #

Merci Gracianne, je veillerai à vous proposer des recettes soignées.
Pour l'instant, Fernand réclame son fricot, et je pense que le contenu que je réserve à sa gamelle pour ce soir ne sera guère enviable.
Toutefois je me sens très inspirée par la présence de mes petits-enfants (en bien et en mal, car il n'y a pas que de gracieux personnages à cette génération, malgré l'exemple que nous tentons de donner), ce qui devrait me permettre de vous offrir quelques recettes dans les jours à venir.


Sigrid - le 28-12-06 à 20:22 - #

Excellent. Autant pour l'histoire que pour la recette! Compliments! :-)


Ségolène - le 07-01-07 à 10:29 - #

Cet affreux chien a bien fait d'aller trucider ce chapon, car il m'a l'air parfaitement engraissé, même s'il n'est pas encore à point.

Il me semble qu'il a du être doublement savoureux compte tenu de la  rude bagarre qui fut nécessaire à son acquisition.

Bien le bonjour chez vous


Re:

Georgette - le 07-01-07 à 11:56 - #

Bonjour Ségolène,

Vous ne vous trompez pas ! L'utilisation du postérieur de Mireille comme attendrisseur de viande a incontestablement rendu la chair de ce chapon encore plus tendre et délicieuse. Cela me donnerait presque des envies de récidive...


venezia - le 08-01-07 à 00:04 - #

le chapon comme battoir à fessée, je n'y aurai pas pensé toute seule… merci pour cet irresisitlble récit
V.  


Annellénor - le 11-01-07 à 16:30 - #

Je retiens la recette !
N'ayant ni chien, ni voisin élevant la bête, j'irai voir mon boucher au prochain Noël !


jubilatoire

annielarmarmotte - le 06-12-07 à 15:45 - #

moi je suis une faiseuse de tambouille ....... pas une cuisinière mais je vais me soigner.... j'ai adoré la partie historique ..... 
une marmotte Bourguignonne qui reviendra......


Je cherchais

likou - le 06-01-09 à 14:03 - #

une recette pour faire plaisir à mon garçon qui arrive pour ce wkend et une ptite semaine à la maison et pour lui faire le chapon commander à la ferme à noel et qui trone dans mon congélateur.

Vous m'avez faite sourire de vos relations de voisinages Mireille city qui relatent fort bien les relations de certains connaissent parfaitement moi la premiére.

Le crime du chapon est pardonnable, tant la recette semble succulente.

Le chien est il toujours de ce monde ? J'ai le même spécimen chez mes voisins et des nuits à veiller bercée de sa voix mélodieuse. Lui filerais bien le bouillon de 11 heure si je n'avais pas une ame à cette saloperie.

Sous couvert auriez vous une recette délicieuse pour une poularde ?

Cordialement votre

Je régale de vous lire

Likou


recette

chucky50 - le 06-01-09 à 16:11 - #

Félicitation pour votre article lequel m'a fait bien rire! 
Vous écrivez d'une façon savoureuse et je me suis régalé à vous lire .

Je reviendrai surement vous voir , moi aussi j'ai un " Fernand" à la maison.

A très bientot


Elisa - le 21-12-12 à 16:22 - #

Je n'en reviens pas de voir des gens si mauvais ! "engraisser" en vue de le servir le chien dites vous ?
Quel honte !!!
Vous n'avez pas de coeur c'est révoltant. Comme disait Lamartine : "on n'a pas deux cœurs, l'un pour l'homme l'autre pour l'animal... On a du cœur ou on n'en a pas"
De toute évidence vous n'en avez pas.


Re:

beaupertuis - le 28-12-14 à 12:20 - #

 Exact pour lamartine,vous n'avez pas de coeur 


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